Une maisonnée est un groupe de 6 à 8 personnes qui se retrouvent dans un lieu prédéfini afin de vivre un temps convivial où il est possible de grandir en amitié, de partager sur ce que vous vivez, d'échanger sur les questions de société ou d'approfondir divers aspects de la foi chrétienne

MAISONNÉE,  MODE D’EMPLOI.

Qu’est-ce qu’une maisonnée ?

D’où vient cette idée ? A l’exemple des premiers chrétiens qui se réunissaient assidûment et fidèlement pour recevoir l’enseignement des apôtres, vivre la communion fraternelle, partager la fraction du pain, célébrer la prière, les personnes qui se réunissent en maisonnées portent le désir de donner à leur foi de baptisés sa pleine mesure.
A qui s’adresse cette proposition ?

Deux catégories de personnes peuvent se retrouver et participer aux rencontres de maisonnées :

  • des fidèles chrétiens de la paroisse désireux de se renouveler dans leur foi et de donner une fécondité à leur vie chrétienne.
  • des personnes éloignées de la communauté paroissiale, baptisées ou non, qu’on peut appeler « recormmençants, » et qui se posent des questions à patir du témoignage et d’une rencontre avec un paroissien témoin de sa foi.

Peut-on être chrétien sans faire partie d’une maisonnée ?

A cette question, Jésus répondrait certainement : ‘Il y a beaucoup de demeures dans la Maison de mon Père !’ Une maisonnée repose sur le principe très simple que sans exigence concrète on ne peut durer dans la fidélité à ses convictions. Beaucoup de chrétiens sont membres d’associations ou de groupes divers qui aident à garder un esprit éveillé pour entretenir une foi vivante et vivifiante. Déjà, la responsabilité de parents au sein d’une famille avec le souci de transmettre la foi aux enfants peut suffire à l’effort d’un tel dynamisme. Mais la maisonnée apporte un plus dans le lien avec la communauté paroissiale : elle est au service du développement et de la croissance de l’Eglise en nombre et en qualité.

Comment fonctionne une maisonnée ?

Chaque semaine, les membres d’une maisonnée se réunissent toujours dans le même lieu chez une des personnes. Une maison est préférable à un lieu paroissial car elle manifeste que le témoignage de la foi ne se limite pas à l’institution. Elle met aussi en valeur le sens de l’Eglise domestique que représente une famille. La rencontre dure un peu plus d’une heure mais ne doit pas dépasser une heure trente. La personne responsable accueille chacun et veille au bon déroulement de la rencontre.

Comment se déroule la rencontre ?

Quatre moments ponctuent le temps de ce déroulement :

  • un temps de louange avec des chants, après une brève introduction d’accueil fraternel.
  • un temps de témoignage sur la présence et l’action de Dieu durant la semaine écoulée.
  • un temps autour du texte de l’évangile choisi et préparé.

un temps d’intercession pour les personnes confiées à la prière. Chacun s’exprime librement sans monopoliser pour autant la parole. La confidentialité est la règle qui respecte la qualité et la profondeur des propos échangés.

Combien de personnes une maisonnée peut-elle accueillir ?

On peut commencer une maisonnée à partir de 3 personnes ! Jésus nous dit : ‘Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux’. Au-delà de 8 personnes, il devient plus difficile de donner le temps à tous de pouvoir s’exprimer sans dépasser le temps de la rencontre. Et puis la qualité des relations perd son aspect personnel. Il faut donc songer à fonder une nouvelle maisonnée en acceptant de se scinder en deux maisonnées. C’est aussi la règle de la croissance. Mais c’est là le but des maisonnées : essaimer et non pas rester entre soi !

Comment les maisonnées peuvent-elles grandir et se multiplier ?

Quand on entre dans la maisonnée, on sait que le Seigneur va nous transformer. Et l’on vient aussi, même si on ne le sait pas tout de suite, avec le désir d’une certaine fécondité. Il n’y a rien de plus enthousiasmant que de donner la vie, et encore plus la vie éternelle. La maisonnée est donc le lieu où l’on va se former pour devenir un disciple de Jésus selon sa règle de vie, c’est-à-dire pour former d’autres disciples comme il l’enseigne : « Allez, faites des disciples, baptisez-les et enseignez leur à observer tout ce que je vous ai dit ». C’est pour cela que l’on reste dans une maisonnée et que l’on n’y vient pas simplement en curieux, même s’il y a un temps préalable de découverte.

Pourquoi commencer par un temps de louange ?

La louange est l’activité essentielle des habitants  du Royaume des cieux : les saints et les anges qui se tiennent en présence de Dieu font monter vers Lui leur louange. C’est l’attitude juste de celui qui se tourne vers le Seigneur et se détourne de lui-même.  En commençant la rencontre par la louange, tous se libèrent du poids des activités de la journée pour se mettre en présence du Seigneur, l’Hôte principal de la rencontre de maisonnée. Cela permet aussi d’accueillir la parole qui va être échangée et de se préparer à vivre une vraie communion fraternelle dans la foi.

Que se passe-t-il si l’on ne développe pas un esprit de louange dans notre vie ?

Nous nous rappelons que lors de leur emprisonnement dans la prison de Philippes, Paul et Silas au lieu de se  plaindre ont entonné des chants de louange qui ont contribué à leur miraculeuse libération. Louer s’apprend petit à petit, avec des mots simples, à partir des textes du chant pris à ce moment. Louer ’est pas toujours naturel, mais s’y efforcer libère d’une certaine fausse pudeur qui ouvre à la joie et à l’expression plus simple de notre relation avec Dieu. Enfin, la louange est déjà une certaine activité de l’Esprit Saint dans le cœur de celui qui prie : nous le voyons clairement avec l’exemple de la Vierge Marie qui a chanté le Magnificat en rencontrant Elisabeth.

Comment se vit le 2° moment qui est celui du partage ?

La rencontre en maisonnée n’est pas d’abord une sorte de groupe de prière ou de réflexion. C’est pourquoi ce 2° moment permet d’abord de témoigner d’un événement tout simple vécu au cours de la semaine qui nous a permis de voir le Seigneur à l’œuvre dans notre quotidien ou celui de personnes rencontrées. Il est bon de se dire que Dieu n’est pas absent de nos vies, qu’Il agit vraiment, que nos yeux ont su voir son action souvent très discrète. L’invitation à vivre ce partage chaque semaine nous incite à rester attentif et à développer l’esprit de prophétie : un prophète est celui qui sait reconnaître dans sa vie la présence agissante de Dieu.

Toute la Sainte Ecriture est composée du récit de ces prophètes qui racontent des événements où le Peuple de Dieu a été visité par Dieu. Mais tout le monde n’est pas prophète comme l’ont été les auteurs bibliques !

 Par notre baptême nous avons reçu ce don de prophétie qui malheureusement n’est pas suffisamment développé chez les chrétiens et même totalement ignoré ! Par ce don de prophétie, nous développons en nous des
dons spirituels que Dieu nous a confiés pour l’édification de toute la communauté. C’est ainsi que l’Esprit Saint peut agir dans une paroisse et la renouveler au travers de la perception affinée de son activité.

Quel est le lien entre la paroisse et la maisonnée ?

Une paroisse n’est pas limitée à l’organisation matérielle ou gestionnaire, elle est d’abord une communauté pleinement charismatique, c’est-à-dire animée par l’Esprit Saint pour faire apparaître les dons spirituels que chacun a reçu pour le bien de  tous et la croissance de la communauté. Les Lettres de St Paul témoignent constamment de cette réalité spirituelle. En outre, la croissance des maisonnées se fait également par la rencontre avec des personnes que le Seigneur met sur notre chemin. Aussi devons-nous rester éveillés pour les accueillir. Peu à peu nous découvrons à travers ces rencontres inopinées que Dieu nous donne la grâce d’être des témoins, de savoir rendre compte de notre foi pour les inviter à participer à une rencontre de maisonnée.

L’étude biblique fait-elle partie de la rencontre de maisonnée ?

Le but de la maisonnée n’est pas de constituer un groupe de de réflexion biblique. Cependant, la parole de Dieu est au cœur de la rencontre. Un passage d’évangile est sélectionné chaque semaine selon une certaine continuité. L’objectif est de rencontrer le Seigneur Jésus dans sa parole. Trop souvent, la parole de Dieu estutilisée de façon détournée, c’est-à-dire qu’elle devient un objet d’étude, alors qu’elle est d’abord une personne vivante ! On ne vient pas disséquer un cadavre, mais on vient s’enrichir et se nourrir de la vitalité du Christ ressuscité. C’est une grande erreur que de vouloir s’approcher de la parole sainte avec un esprit de curiosité possessive : c’est comme un manque de chasteté ! C’est pourquoi ce 3° moment de la rencontre est un temps plutôt contemplatif.

Concrètement, comment cela se passe-t-il ?

La parole est lue après qu’on ait pris le temps de se recueillir, pour l’accueillir comme si on écoutait le Seigneur nous parler en vérité. On revit les moments où Jésus enseignait ses disciples, ou encore quand les apôtres enseignaient les premierschrétiens. Le passage peut même être entendu une seconde fois et laisser place à un temps de silence intérieur où chacun se laisse toucher par l’une ou l’autre des paroles entendues. Alors peu à peu, les uns et les autres vont redire simplement et seulement la partie du texte qui les a éclairés particulièrement ou à laquelle ils ont été plus attentifs. On partage une sorte de festin. On entend comment cette parole résonne dans le cœur du frère ou de la sœur.

Il n’y a donc pas de temps de discussion ?

Après cette première séquence, on réécoute la parole et ensuite, chacun peut alors expliquer pourquoi elle lui est apparue importante et comment elle s’est manifestée comme une parole vivante. Là encore c’est un partage et non un échange d’idées ou d’interprétations. On découvre des richesses que l’on ne soupçonnait pas. Cette manière de  procéder n’est certainement pas habituelle. Car nous sommes trop cérébraux et trop désireux de vivre une certaine efficacité. Tout, dans la rencontre de maisonnée, tend à favoriser l’expérience de la rencontre avec le Seigneur. C’est étonnant de voir à quel point notre esprit trop rationnel toujours à la recherche de preuves ou d’arguments paralyse l’aptitude à rencontrer le Christ ressuscité.

Peut-on vraiment rencontrer aujourd’hui le Christ ressuscité ?

Cette expérience du partage spirituel de la parole se réfère à l’expérience des disciples d’Emmaüs qui marchaient sans reconnaître le Christ ressuscité à leurs côtés. Jésus les a instruits longuement en leur permettant de goûter la richesse des mots de la Bible. Si nous vivons ainsi la parole, alors ne vivrons-nous pas de façon totalement nouvelle l’expérience du pain rompu, c’est-à-dire de l’eucharistie ? Il est évident que notre participation à la messe en sera complètement renouvelée. Une fois qu’ils ont reconnu le Christ, les disciples s’empressent d’aller communiquer la nouvelle à leurs amis restés dans la détresse du deuil à Jérusalem. C’est là le secret et la source de la mission. Une maisonnée est donc le point de départ de la mission ? C’est l’Esprit Saint, dit St Jean Paul II, qui est le protagoniste de la mission. Dans la mesure où la maisonnée vit une riche expérience spirituelle, elle se met sous la motion de l’Esprit Saint. Là encore, nous découvrons combien la vie chrétienne ne peut s’enrichir en restant isolé. Dieu a constitué un Peuple dès le départ avec les Hébreux.
Aujourd’hui c’est l’Eglise, mais celle-ci a perdu l’habitude de vivre comme une vraie communauté. La maisonnée aide à vivre la fraternité, ce que St Paul explique en disant que les chrétiens sont membres d’un même corps. Et tous les membres se témoignent naturellement une sollicitude merveilleuse parce qu’ils ont appris à se connaître au fur et à mesure, dans le respect de l’écoute mutuelle.
Comment se termine la rencontre ?

Elle ne peut pas se terminer sans cette dimension missionnaire ! Chacun va confier quelques intentions précises et nominatives de gens qu’il a rencontrés et qu’il reçoit comme si le Seigneur lui confiait en personne. Un peu comme l’aubergiste qui reçoit le blessé dans la parabole du bon samaritain. C’est une prière d’intercession. Elle est fondée sur la promesse de Jésus : « Tout ce que vous demanderez en mon Nom, sachez que déjà vous l’avez reçu ».

Et l’on peut réellement constater que le Seigneur écoute la prière et l’exauce ?

A celui qui a la foi, le Seigneur répond toujours dans la prière, mais pas toujours comme il s’y attendrait. Cependant, bien souvent on s’aperçoit que telle intention confiée à la prière de plusieurs frères et sœurs unis dans l’intercession trouve une réponse très favorable. C’est aussi ce qui constitue une partie du témoignage vécu dans la 2° partie : le Seigneur a répondu à telle intention confiée précédemment.

La rencontre doit durer longtemps ; est-ce possible de se rencontrer si souvent ?

De façon très étonnante, le temps semble disparaître tellement ce qui est vécu est d’une grande intensité. Et l’on se rend compte que l’on ne dépasse jamais la limite fixée. Les gens disent : nous attendons avec impatience la semaine prochaine ! Désormais, nous pouvons dire et témoigner non pas de ce que nous croyons et lisons dans les Actes des apôtres, récit du passé, mais de ce que nous vivons et de ce que le Seigneur réalise au milieu de nous ses disciples réunis en son Nom : son œuvre aujourd‘hui. « Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ »(1° Jn 1, 3).

(source : Paroisse catholique d’Eguilles, diocèse d’Aix et Arles, mai 2016)

Intéressé ? Contactez magali NODIN

alppspc@gmail.com